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Buster 91200 Weblog
25 mai 2005

JE VOTE ‘’OUI’’ POUR LE MONDE DE DEMAIN.

eulippu

Ce n’est pas ici en tant que Président de la NSS France, que je m’exprimerai mais plutôt comme un simple étudiant de 25 ans, optimiste, déterminé, innovant et libéré de toute idéologie. Concernant le débat européen en jeu depuis plusieurs semaines, j’ai souhaité apporter ma contribution afin de mieux faire comprendre les enjeux politiques en amont du simple secteur spatial habité. Si un grand programme spatial habité européen est essentiel dans la compréhension d’une Europe visionnaire, il ne faut pas restreindre le grand débat politique de notre continent à notre simple ambition. Je voterai oui le 29 mai à la question posée par mon gouvernement et voici les raisons qui me poussent à faire ce geste politique.

D’un point de vue historique, l’Europe qui nous est proposée aujourd’hui est une véritable exception. Pour avoir étudier l’histoire européenne et plus particulièrement l’histoire des idées politiques européennes, la ligne de l’Histoire continue de se dessiner dans le sens croissant et étagée de la construction européenne. Oui, le traité constitutionnel va dans le sens de la construction européenne depuis un peu moins de 50 ans, il permettra même de faire passer un cap symboliquement politique à l’Europe au cours de la prochaine décade. La paix que nous vivons, parfois indolemment, depuis 1945 nous a permis de bâtir un mode de vie exemplaire et fondée sur un humanisme égalitaire jamais égalé jusqu’à présent. Les blocs mondiaux émergents depuis les années 1990 se font de plus en plus puissants et de plus en plus concurrents entre eux. Il nous faut là aussi répondre en priorité par des actions politiques et stratégiques fortes comme ce projet de constitution peut le faire qui par son extrême complexité nécessaire, sa typicité politique et historique (jamais des peuples ne s’étaient unis de cette façon depuis des siècle et de façon aussi démocratique), et son unicité européenne sont exemplaires.

L’économie mondialisée depuis les années 1860 avec les premiers traités commerciaux nécessaires lors de l’interphase de croissance entre les deux révolutions industrielles, est tout aussi présente, et c’est tant mieux. L’Europe ne peut plus espérer compter sur son économie traditionnelle pour assurer sa pérennité économique. Il faudra innover, investir dans de nouvelles voies, financer, prêter, rentabiliser des techniques que nul autre ne maîtrisera et qui nous libéreront du cercle vicieux de la stagnation économique ou de la  décroissance lente dans lesquels nous risquons de nous enfoncer. Oui, l’économie libérale, ici réaffirmée, est maîtresse en Europe occidentale depuis plus d’un siècle et a permis de fonder une bonne part du succès des 30 glorieuses, c’est une fierté. Oui, il faudra modérer, interagir, et surtout réguler cette économie comme cela a déjà été fait et comme cela devra être fait afin de pérenniser un système qui a réussi pour le rendre encore plus performant. Oui, les sacrifices encourus seront terribles, les reconversions seront pléthores et parfois forcés mais le virage devra être anticipé politiquement et seuls des instruments adéquats nous rendrons cette tache plus aisée. Or le traité constitutionnel nous rend cette tâche plus facile que ce soit avec l’affermissement des coopérations renforcées et la possibilité pour certains pays d’aller de l’avant plus vite que d’autres, que ce soit avec la définition vague, et par conséquent versatile, d’une politique spatiale européenne, ou des efforts conséquents qui doivent être faits pour la R&D ou la recherche fondamentale. Ceci ne sont que quelques exemples d’arguments qui me poussent à voter oui, mais aussi une prise de conscience plus globale doit être aussi effectuée d’un point de vue sociétal.

L’identité européenne, réaffirmée dans la partie 1 ou dans la charte des droits fondamentaux, passe forcement par des étapes et une construction lente, imparfaite mais dans un sens croissant.  La prise de conscience réelle et concrète d’une identité politique européenne me pousse aussi à dire oui à ce traité constitutionnel pour notre futur. Enfin nous pourrions insister sur la prise de conscience d’une communauté de destins à élaborer. Renoncer à cette constitution, nous fait aussi abandonner cette croyance optimiste et foncièrement humaniste qui est de croire que nous bâtissons pour nous assurer un avenir meilleur. Finalement, voter non, c’est être assez conservateur ou réactionnaire pour s’imaginer entretenir des avantages acquis ou un monde qui n’existe déjà plus : le maintien de compétences déjà dépassées qui s’effiloche tous les jours aux contacts du monde réel. Le vote du oui est fondé sur un socle référent commun qui va de la déclaration des droits fondamentaux aux politiques sectorielles désormais acquises comme outil politique futur. Les tenants progressistes du oui croient fortement en la vertu politique au sens noble du terme. Changer les choses, comme jamais, est possible. Je vote oui, parce que je pense que je pourrai un jour apporter un sens neuf à la construction européenne grâce à l’instrument politique disponible. Ne pas croire en l’art politique consisterai à voter non : une logique si proche du ‘’tous pourris’’  de Boulanger ! Voter non, c’est ainsi assurer la défense d’une société qui implosera bien vite en faisant fi de toute logique politicienne ou pis d’appréhensions politiques pour le futur. Je pense aussi que voter non, c’est avant tout regarder constamment en arrière en se souvenant, avec un tragique délice, d’un monde disparu se reflétant dans les mirages politiciens des ‘’nonistes’’. Politiquement, voter non, c’est aussi désespérer en la capacité à interagir avec ses concitoyens pour ne réussir qu’à s’enfermer dans des valeurs dorénavant vieillottes, démagogiques et fondamentalement chimériques. Il suffit pour cela de voir les différentes composantes politiques du camp du non pour finalement comprendre que les projets politiques proposés (au delà des critiques faites au traité constitutionnel) sont finalement soit rétrogrades, conservateurs, ou irréalistes, voir dangereux.

Il est évident que ce traité constitutionnel est loin d’être parfait et qu’il mérite encore de très nombreuses modifications et améliorations (notamment concernant les régulations économiques et financières) ; le rejeter constituerait à se priver d’une marche supplémentaire vers un étage supérieur en faisant croire qu’un ascenseur existe ! Le projet de Constitution n’est qu’une impulsion positive parmi un flot d’étapes qui nous mènera vers une meilleure Europe. Les tenants progressistes du oui devront, au lendemain du 29 mai, lutter pour que des améliorations soient faites dès l’entrée en vigueur du traité en 2009 – Je m’y engage très fermement.

Politiquement, le point fondamental à comprendre, avec le texte proposé, est son interprétation politique. Alors que toutes les Constitutions sont modérées par leurs applications réelles, les débats actuels interprètent déjà le sens du traité constitutionnel européen : et c’est une bonne chose. Il faudra interpréter politiquement les différents sens du traité ici à voter. Les écologistes y verront une interprétation propre, les pétroliers une autre, les banquiers de la finance internationale ou les tenants du progrès social une autre. Le défi proposé ici sera avant tout politique. C’est aussi un pari politique sur le futur de notre continent auquel il faut se plier et miser gros pour espérer ‘’engranger de gros gains’’. Il faudra imposer politiquement son idée ou la voir obérer à jamais par les affres du pouvoir. A 25 ans je ne peux que croire, en tout optimisme, en la primauté de nos idées et en sa compréhension par le monde intelligible. Le socle intermédiaire proposé par ce projet de Constitution Européenne devra être interprété, déformé, et traduit en la manière la plus politique possible. Loin d’être un simple constat (‘’est-ce que cette constitution me convient ?’’), la question posée ce 29 mai est surtout une interaction virulente avec le monde politique.

Alors qu’à l’article 254 du titre 3, il est réaffirmé au paragraphe 1 qu’ ’’Afin de favoriser le progrès scientifique et technique, la compétitivité industrielle et la mise en œuvre de ses politiques, L’Union élabore une politique spatiale européenne. A cette fin, elle peut promouvoir des initiatives communes, soutenir la recherche et le développement technologique et coordonner les efforts nécessaires pour l’exploration et l’utilisation de l’espace’’, l’interprétation politique de ce paragraphe est très vaste ! Il nous permet autant de ne faire qu’une politique scientifique réduite à des missions robotiques ou bien nous lancer dans de la R&D sérieuse au profit de l’industrie européenne dans un but d’exploration et d’utilisation de l’espace ! Le paragraphe 2 de ce même article 254 voit l’émergence d’un ‘’programme spatial européen’’ réaffirmée noir sur blanc – et c’est une première ! Rappelons que l’ESA n’est qu’une agence intergouvernementale, disposant de modalités européennes multilatérales mais sans primauté sur quoi que ce soit – un socle politique plus fort lui est désormais requis. Le paragraphe 3 de l’article 254 fait aussi de l’ESA l’agence exécutrice de ce programme spatial européenne. Et c’est tant mieux, puisque les compétences de demain sont à ce niveau. Ici donc encore, tout ou presque est faisable mais nous donne, à la différence désormais, un socle politique intermédiaire pour pousser le débat encore plus loin et faire progresser les politiques européennes dans le sens que l’on voudra. Il ne tiendra qu’à nous de rendre possible ces potentiels d’activités si fondamentaux pour l’Europe et que cette politique spatiale habitée autonome devienne un jour réalité. Finalement ce socle référent pour l’Europe politique  nous ramène à nous poser une question fondamentale pour l’avenir de notre continent : Quelles ambitions avons-nous de l’Europe du XXIeme siècle ? La force du traité repose sur la partialité et la totalité de sa réponse : tout ou presque ! Il ne tient qu’à nous de faire quelque chose de ce traité. Il ne tient qu’à moi de m’engager pour une ‘’Europe puissance’’, pour une idée qui dépasse nos ambitions les plus folles. Si on peut reprocher au traité de ne pas aller assez loin dans les réformes politiques de l’Union (ce que je pense), on ne peut pas lui reprocher d’être une étape fondamentale pour avancer sur une route commune où de nombreuses améliorations seront à examiner. C’est justement la force politique de ce traité : une nouvelle base de travail.

Les améliorations aux bénéfices des 25 pays seront à apporter à ce traité. Personne ne le nie. Mais la compréhension de cette Constitution comme fondement nécessaire à d’ultérieures étapes est aussi très importante. Me concernant, nous pourrions réfléchir à des améliorations de l’article 254, mais la version actuelle ne suffit-il elle pas aux 14 membres de l’ESA ? Il ne tient qu’à nous de changer les choses dans les prochaines années, pour proposer un vrai programme spatial ambitieux pour l’Europe. Bien sûr, l’économie sociale, ou la soumission abusive à la BCE devront évoluer politiquement dans le bon sens pour pouvoir fournir à l’Europe des 25 des capacités encore plus efficaces de s’insérer dans le grand défi de l’Economie mondiale. Il n’y a pas de main invisible qui nous poussera dans tel ou tel sens, il n’y aura que nos idées, notre volonté, notre courage politique et notre vision en l’avenir en progrès qui nous permettront d’élever l’Europe vers de nouveaux défis. Au delà d’un simple jeu de questions-réponses (est-ce que ceci fait avancer cela ?), on croit ou pas en l’art politique ! On croit ou pas en l’Europe de demain. L’Europe n’est pas à l’image de la France et ne le sera peut-être jamais. Projeter le débat franco-français sur un débat qui nous dépasse de 390 millions de personnes est une tendance nihiliste. Néanmoins s’insérer dans cette Europe à 25, puis faire comprendre qu’un projet d’inspiration française peut être viable, constitue un défi plus fort que de rejeter un texte pour se retrouver sur un strapontin pendant X nouvelles années. La France se plaint déjà de ne pas entendre assez sa voix ? Il ne tient qu’à nous de changer cette donne et grâce à ce traité nous pourrions démontrer par une impulsion neuve que la France peut toujours être le fer de lance de l’Europe moderne et progressiste. A nous de proposer des projets innovants et suffisamment ambitieux pour l’Europe et de les faire avancer concrètement aux bénéfices des 25. Parce que je crois en ce changement possible, et que le débat sociétal d’aujourd’hui n‘a jamais été aussi exacerbé, je voterai oui afin de faire entrer l’Europe dans une logique d’avancées systémiques et idéologiques. Au delà des raisons que j’ai pu avancer ici, je vote oui aussi pour des raisons mécaniques. Je crois que ce traité nous poussera à nous dépasser et qu’il nous force (plus que le vote négationniste) à croire en un changement, dans la droite ligne historique de la construction européenne.

Etape par étape, notre continent s’est pacifié puis construit économiquement pour devenir une référence politique pour l’avenir. L’Union de notre continent est une réussite et parachève des siècles de relations internationales parfois houleuses, c’est un exemple à suivre pour le monde entier, c’est aussi un symbole pour toutes les autres puissances. Je suis européen, plus qu’avant et moins que demain et fière de l’être. L’Europe spatiale a besoin, nous l’avons suffisamment répété, de soutien politique fort et novateur : cela pourra désormais être fait. Même si la France d’en bas affronte, sans aucun doute, la France d’en haut ; les deux partis ont tant à s’apporter que nier une étape supplémentaire de la construction européenne au profit de … rien … est strictement apolitique et nihiliste. La connaissance, l’espoir politique, le progrès social opposent désormais les tenants du oui à ceux du non. C’est donc bien un choix de Société qui se profile au delà du 29 mai comme jamais. Laissons les tenants du Non se conforter entre Déroulède, Boulanger, les ligues, le grand soir, Marx ou des mouvements crypto révolutionnaires : tous ceux là n’appartiennent qu’au passé ! Le Monde des anciens contre celui de la génération des nouveaux : ‘’le monde de demain’’. Je suis un nouveau. Définitivement. Table rase du passé !

A nous de construire l’Europe que l’on désire et à laquelle nous adhérons. Assurément, tout repose sur nos épaules. Je ne me sens pas plus représenté par un parti politique que par un autre, j’assume ce fait et construis l’Europe à mon image : libre de tout corset politicard et rempli d’ambitions. Je suis aussi très conscient de l’urgence sociale réelle et profonde qui peut traverser notre pays, mais le rôle des décisionnaires n’est ni d’être démagogique ni de proposer des schémas politiques complètement mythiques. Ceux qui voudront se battre pour une Europe forte du progrès social, technique, économique et stratégique, rejoindront nos rangs pour croire en l’avenir et parier sur un véritable espoir. Avancer, est mon maître mot. L’art Politique reprend ses droits dans ce projet de Constitution qui emplit notre siècle de défis encore plus haut.

J’aime l’Europe comme jamais, je vote oui.

Comme disaient les autres : ‘’Tout n’est pas si facile’’ … ‘’Le Monde de demain quoi qu’il advienne nous appartient, la puissance est dans nos mains…’’

Oui, le 29 mai.

Nicolas Turcat

Accessoirement, Président de la National Space Society France et étudiant à La Sorbonne et bientôt à Sciences Po Paris. (Je m’exprime en mon nom propre et en aucun cas en celui de l’association)

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